Cancer du sein et alimentation, l’association semble anachronique voire choquante, et pourtant…
On peut comprendre que l’alimentation puisse jouer un rôle déterminant dans les cancers digestifs tels que celui de l’estomac ou de l’intestin mais dans le cancer du sein, on ne voit pas très bien le rapport mais tous les travaux le montrent : dans certains cancers, l’alimentation joue un rôle de cofacteur, et pas des moindres. Selon le type de cancer, les facteurs alimentaires représenteraient 30 à 60 % des facteurs de risque.
Ce point est très important car si on ne peut pas encore intervenir aujourd’hui sur les facteurs génétiques, on peut agir sur les facteurs alimentaires. Les nombreux travaux d’actualités des équipes américaines et européennes nous font mesurer les enjeux en matière de prévention. Il faut dire que l’alimentation de type américaine n’est pas un modèle à suivre pour les nutritionnistes et l’évolution actuelle ne semble pas aller dans le bon sens.
« Les Français ne sont pas des Américains » me diriez-vous, c’est certains, mais les choses se dégradent lentement dans notre beau pays et notre modèle alimentaire semble disparaître. De plus la France n’est pas uniforme et des disparités régionales existent, de même que les habitudes alimentaires varient d’un individu à un autre.
Le nombre de cas de cancer n’a cessé d’augmenter, en France, depuis vingt ans. L’incidence de la maladie progresse, même si en même temps, le taux de mortalité reste relativement stable car le dépistage est systématique, le diagnostic souvent plus précoce et les patients mieux soignés qu’auparavant grâce à l’amélioration de l’efficacité thérapeutique.
Chaque année, on recense 240 000 nouveaux cas de cancer, cette pathologie étant responsable en même temps de 143 000 décès. Les cancers les plus répandus sont le cancer du sein, le cancer colorectal, le cancer de la prostate et le cancer broncho-pulmonaire. Les américains les surnomment « the big four ». Le cancer est devenu la première cause de mortalité chez l’homme et la seconde chez la femme après les affections cardio-vasculaires.
Le cancer du sein demeure le plus fréquent avec 30 000 nouveaux cas chaque année. 40% des femmes touchées sont âgées de moins de 65 ans et si le cas type reste la femme d’une cinquantaine d’années un peu “ forte ”, la maladie semble toucher des femmes plus jeunes. La probabilité pour une femme de souffrir de cette lésion serait de 10,1 %.
L’incidence du cancer du sein a augmenté de près de 60 % en trente ans.
Quand on mène une réflexion, on se rend compte que la dimension « santé » de l’alimentation apparaît comme totalement compatible avec la culture culinaire française.
Toutes les études confirment l’importance de notre façon de manger dans le maintien de cet état si précieux qu’est la santé mais il faut rester prudent et mesuré quand on conseille des choix alimentaires. Tout n’est pas blanc ou noir, c’est la répétitivité des erreurs nutritionnelles qui est préjudiciable. Chaque individu est particulier et il faut éviter la consommation déséquilibrée d’un certain type d’aliments au détriment d’autres aliments tout aussi utiles. On ne rappellera jamais assez la nécessité d’une alimentation diversifiée et équilibrée.
Les 2 modèles alimentaires à préconiser sont l’alimentation méditerranéenne et l’alimentation asiatique.
Les bienfaits de l’alimentation dite “ méditerranéenne ”
Le régime Méditerranéen, dont on dit qu’il est le meilleur sur le plan cardio-vasculaire, trouve ses racines dans l’alimentation traditionnelle de la Crète, de la Grèce, de l’Italie, et du sud de la France. La base de ce type d’alimentation :
– légumes secs et légumes verts de saison
– céréales (blé, maïs)
– féculents (riz, pâtes, semoule)
– peu de viande (moins de bœuf et de mouton)
– peu de beurre et de crème fraîche
– poisson, deux à trois fois par semaine
– fruits tous les jours
– huile d’olive
– pain aux repas
– un verre de vin par repas
Cette diététique est également un art de vivre, un art de manger qui allie équilibre, plaisir, convivialité et temps passé à table. Ce régime est riche en végétaux et rejoint les recommandations actuelles de cinq aliments riches en cellulose par jour. Plusieurs études ont confirmé que ces habitudes alimentaires augmentaient la longévité, diminuaient l’incidence des maladies cardiovasculaires, du diabète et vraisemblablement des cancers. L’alimentation comprend trois repas par jour, structurés. Ceux-ci se caractérisent par
– une certaine richesse en glucides complexes
– une ration protidique normale de 12 à 15 % de l’apport énergétique total, rééquilibrée au profit des protéines végétales
– une ration lipidique normale en pourcentage de la ration calorique totale (35 %) avec une répartition particulièrement intéressante des acides gras favorisant les monoinsaturés (acide oléique) et polyinsaturés (acide linolénique de la famille des oméga 3) et au détriment des acides gras saturés;
– une importante quantité de fibres ;
– un apport quotidien important en minéraux et vitamines antioxydantes ( vitamine C, E, bêtacarotènes..)
– un apport en polyphénols
L’ensemble des caractéristiques de ce type d’alimentation concourt à une action bénéfique et protectrice pour la santé et semble augmenter la longévité par diminution de l’incidence des maladies cardiovasculaires et des cancers.
Manger du pain, des pâtes, des légumes frais de saison (tomates, courgettes, aubergines, poivrons..), des agrumes, de l’huile d’olive, de l’ail, de l’oignon et du poisson, constitue un bien agréable traitement loin des chicken wings, des frites et des nuggets !
Rien de tel pour préserver son capital santé et garder la pleine forme !
les bienfaits de l’alimentation “ asiatique ”
L’alimentation asiatique est riche en protéines de soja, en fibres, en crucifères. C’est un régime pauvre en lipides et en glucides simples.
La part des protéines est importante avec 20 % des calories journalières. Les protéines végétales sont majoritaires dans la ration. De ce fait, la part des matières grasses est faible avec 20 % des calories. Les glucides représentent près de 60 % de l’énergie quotidienne. Ils sont sous forme de sucres complexes principalement. L’alimentation asiatique est riche en phyto-oestrogènes (isoflavones, coumestanes, lignanes). Ces phyto-oestrogènes sont présents dans un grand nombre de plantes. Une même plante peut fournir différents types de phyto-oestrogènes : la graine de soja est riche en génistéine et en daidzéine, qui sont des isoflavones, tandis que la pousse de soja est riche en coumestrol qui est la plus importante des coumestanes. Les légumineuses, les graines et les fèves de soja sont les sources les plus importantes d’isoflavones. Les dérivés du soja tels que le lait de soja, le tofu, les pâtes au soja ont des concentrations moins élevées.
Les populations asiatiques qui consomment d’importantes quantités de riz et de produits dérivés du soja (entre 20 et 150 mg/jour d’isoflavones), ont fait l’objet de nombreuses études épidémiologiques afin de corréler la consommation de ces produits avec la fréquence moins élevée chez eux de certaines maladies cardiovasculaires et de certains types de cancer, notamment le cancer mammaire*.
Les résultats plaident en faveur des phyto-oestrogènes qui auraient un rôle protecteur vis à vis des maladies cardio-vasculaires et des effets anti-cancéreux.
* les isoflavones du soja n’ont pas les mêmes effets positifs chez les femmes ayant déjà été touchées par un cancer du sein: ces femmes doivent consommer le soja avec modération.