Nourrir l’enfant est une préoccupation de chaque jour dans tous les pays du monde mais avec des impératifs différents selon les endroits :
dans certains pays en voie de développement, c’est un impératif « vital » à court terme : il faut se nourrir le moins mal possible au milieu de la pénurie, de la famine et de la dénutrition
dans les pays industrialisés, c’est un impératif vital à long terme : il faut se nourrir le mieux possible, dans un univers de surabondance, de maladies de surcharge (obésité, maladies cardiovasculaires, diabète..)
l’alimentation du jeune enfant est une plateforme « passionnelle » où se telescopent beaucoup de paramètres :
connaissances scientifiques en matière de medecine et de nutrition
héritage socio-culturel du fait du milieu et des origines de chacun
monde psycho-affectif de chaque parent
le but est toujours d’essayer de trouver une adéquation entre les possibilités de digestion et d’absorption de l’enfant, ses besoins, son alimentation, en sachant adapter celle-ci durant la croissance, de la naissance à la puberté. L’objectif de chacun de nous est le même :
conduire l’enfant d’aujourd’hui vers un équilibre de santé, car cet enfant déterminera l’adulte sain de demain
L’ALIMENTATION
l’alimentation est une fonction vitale pour tout être vivant. L’organisme humain doit puiser dans son environnement les matériaux et l’énergie nécessaires pour faire fonctionner ses cellules :
pour assurer le maintien de leur structure ou leur réparation (par exemple : cicatrisation d’une plaie)
pour permettre leur croissance et leur multiplication (croissance de l’enfant pour parvenir à l’état adulte)
pour assurer leur fonction spécialisée : travail musculaire, digestion et absorption dans le tube digestif, filtration au niveau du rein..)
Manger sera un geste fondamental pour l’être humain : sa vie et sa survie en dépendent…
L’homme mange des aliments, qui, grâce au travail de l’appareil digestif, se transforment en un grand nombre de substances qui s’appellent les nutriments : proteines, lipides, glucides, calcium etc…Certains nutriments apportent l’énergie qui nous permet de fonctionner, d’autres sont non-«énergétiques mais autant indispensables à notre développement (sels minéraux, vitamines, oligoéléments)
LA DIVERSIFICATION ALIMENTAIRE
Le bébé ne va consommer dans un premier temps que le lait de sa mère, ou un lait dit « maternisé ». La phase de diversification alimentaire est une phase de transition entre l’alimentation lactée liquide et une alimentation variée semi-solide puis solide. C’est une phase d’adaptation-maturation : le tube digestif doit assurer la digestion des nouveaux produits :amidon, cellulose, proteines non lactées. C’est aussi pour l’enfant une maturation neuro-psychique :
Dela succion, il va passer à la déglutition d’aliments semi-solides. Ensuite, il reconnaitra les aliments et parviendra à les saisir avec une cuillère. Enfin, il mastiquera les aliments solides et pourrat les déglutir sans problème.
Il y a de nombreuses controverses sur le moment de la diversification alimentaire. Jusqu’à 6 mois, l’allaitement exclusif au lait maternel ou infantile couvre tous les besoins alimentaires du bébé. Autrefois la diversification alimentaire se faisait tôt, en moyenne entre le 5 éme et le 6 éme mois, parfois avant. Aujourd’hui, il est fortement recommandé de ne pas la commencer avant les 6 mois de l’enfant (quand on parle en nombre de mois, on parle en mois révolus)
A cette période, l’enfant est prêt à avaler, digèrer et assimiler un certain nombre d’aliments. Il est apte à s’adapter à la mastication d’aliments plus consistants. Il est curieux de découvrir de nouvelles textures et de nouvelles saveurs.
La diversification se fait avec 4 principaux groupes d’aliments :
- les céréales sous forme de farines infantiles
- les légumes et les fruits cuits
- les viandes, poissons et œufs
- le riz et les pâtes, la semoule, le pain
Farines infantiles à base de céréales :
Au deuxième âge, l’introduction des farines infantiles permet l’entrée dans le tube digestif d’un aliment autre que le lait. Les petites quantités d’amidon apportées favorisent l’action d’un enzyme digestif : l’amylase pancréatique. De même, ces farines permettent une meilleure activité d’un autre enzyme : la pepsine. Grâce à l’effet de ralentissement de la digestion par l’amidon, le bébé est rassasié et les biberons peuvent être plus espacés. Il ne semble pas utile de commencer avant l’âge de 5 mois, les recommandations officielles ne conseillent l’introduction des farines qu’à partir de cet âge. Cette introduction doit être progressive : un des quatre biberons de la journée peut être enrichi en céréales infantiles sans gluten dans la proportion de une puis 2 cuillérées à café (2 à 3 g) pour 100 ml de liquide. Quelques jours plus tard, on enrichit un autre biberon de la journée de la même manière.
On pense qu’il est interessant d’enrichir le premier et le dernier biberon de la journée, ils sont en général plus espacés que les autres..
Les farines infantiles sont sans gluten durant les 5éme et 6 éme mois, puis avec gluten à partir du 7éme mois de l’enfant.
Légumes :
Entre 5 et 6 mois en général, il est possible d’introduire les legumes, soit bien cuits et mixés dans leur eau de cuisson, soit sous forme homogénéisée en petits pots, afin que la cellulose broyée n’irrite pas l’intestin. On les introduit dans un biberon de la journée, d’abord mélangés avec du lait. Par exemple : 120g d’eau (eau de cuisson des légumes si on les a préparés) + 4 mesures de poudre de lait + 50 g de légumes mixés ou en pot.
Les légumes apportent des glucides, un peu de fibres « douces », non agressives, des sels minéraux, des vitamines et de l’eau. Grâce à leur teneur en cellulose, les légumes constituent « le squelette » des selles et favorisent la régulation du transit intestinal. Chez un enfant constipé, les épinards et les poireaux sont utilisés pour leur capacité laxatives.
Tant que le bébé boit du lait maternel ou pour nourrisson, tous ses besoins nutritionnels sont assurés (sauf ses besoins en fluor et partiellement en vitamineD) mais vers l’âge de 3 à 4 mois, on peut proposer d’autres saveurs, odeurs et couleurs que celles du lait. Tout cela constituera une initiation à une alimentation variée. L’introduction d’un aliment nouveau, surtout par un moyen inhabituel (petite cuillère) doit se faire en douceur : si le bébé refuse, on n’insistera pas et on sollicitera à nouveau l’enfant à quelques jours d’intervalle afin de multiplier les contacts avec des saveurs nouvelles.
Fruits :
Ils peuvent être donnés sous forme de jus de fruits spéciaux dès la fin du 4éme mois (pas plus de 15ml) mais il n’y a pas de necessité nutritionnelle car le lait pour nourrisson et le lait de suite apportent la quantité de vitamine C dont l’enfant a besoin. Par contre le jus de fruit participe à l’initiation à des goûts nouveaux tel que le côté acide des aliments. L’ideal est de les introduire vers 5 mois. Si le jus est un jus « maison », ou « classique » du commerce, il conviendra de le diluer de moitié avec de l’eau et le sucrer un peu. Entre le 4éme et le 5éme mois de l’enfant, les fruits peuvent être introduits sous forme de compotes de fruits mixés, en fabrication « maison » ou sous forme de petits pots homogénéisés pour bébé.
Les fruits secs sont déconseillés chez l’enfant : risque de fausse route..
Viandes :
Au moment de la diversification, les protéines autres que celles du lait peuvent être interessantes pour leur participation à l’éveil du goût et la découverte d’autre consistances, mais elles ne jouent pas un interet majeur dans l’équilibre nutritionnel de l’enfant avant l’âge d’un an. Il ne faut pas les introduires avant l’âge de 5 à 6 mois et, en toute petite quantité.
La viande permet d’avoir des protéines autres que le lait, protéines de haute valeur biologique, mais la viande est aussi source de lipides (graisses). La viande sera préparée « maison » (à la poêle, sans matière grasse, puis mixée), soit sous forme de petits pots homogénéisés, prêts à l’emploi. On donnera la viande
soit au biberon, mélangée avec les légumes dilués dans de l’eau
soit à la petite cuillère mélangée à la purée de légumes
Les quantités moyennes sont :
5 à 6 mois : 10g de viande (une cuillèrée à soupe)
7 à 8 mois : 15 g
9 à 12 mois : 20 à 25 g
1 an : 30 g
3 à 4 ans : 30 à 50 g
Poissons :
Comme pour la viande, l’introduction peut se faire vers 5 à 6 mois et en petites quantités (les mêmes). Seuls les poissons maigres sont indiqués chez le petit enfant : colin, cabillaud, sole, limande, bar, truite..
On peut les choisir frais ou surgelés. Ils seront cuits au court-bouillon et mixés, ou bien sous forme de petits pots homogénéisés. Le poisson sera soit donné au biberon, mélangé avec des légumes, ou à la petite cuillère, mélangé avec de la purée de légumes.
Les quantités moyennes sont :
5 à 6 mois : 10g de poisson (une cuillèrée à soupe)
7 à 8 mois : 15 g
9 à 12 mois : 20 g
1 an à 4 ans: 40 g
Œufs :
Comme les autres protéines non-lactées, l’introduction doit se faire vers l’âge de 7 mois en ce qui concerne le jaune mais plus tard quand il s’agit du blanc (8 à 9 mois car il existe un risque allergénique lié à l’albumine de l’œuf : l’ovalbumine)
On utilise le jaune de l’œuf cuit dur, brisé à la fourchette et mélangé avec des l égumes. Le jaune de l’œuf est riche en phosphore et en fer.
10 g de viande = ½ jaune d’oeuf
Riz, pâtes, semoule, pain :
On va les introduire plus tard, vers 8 mois, sous forme de semoule (blé) ou floraline (blé et manioc) ou tapioca (manioc) dans le potage de légumes. Des desserts en petits pots à base de semoule peuvent être donnés dès l’âge de 6 à 7 mois. Quand l’enfant est capable d’avaler des petits morceaux (grains de riz, petites pâtes..) vers l’âge de 1 an, on peut donner 3 fois par semaine, riz ou pâtes à l’un des repas.
Les biscuits sont introduits vers 7 ou 8 mois, soit trempés dans du lait, soit donnés à la main, mais « sous surveillance »..
Le pain n’est donné que quand l’enfant a ses premières molaires et peut mastiquer plus façilement (entre 12 et 18 mois)
Matières grasses :
Avant un an, les acides gras essentiels sont apportés par le lait de la mère ou par des laits 2éme âge. Quand l’alimentation se diversifie,les apports se feront par l’addition de lipides sous forme d’huiles végétales ou de margarines végétales toutes deux riches en acides gras essentiels necessaires à la croissance, la régéneration des tissus, l’intégrité de la peau et des muqueuses (ou d’un peu de beurre frais mais ce dernier est pauvre en acides gras essentiels)
A partir de 1 an, ces matières grasses ne doivent pas dépasser 20 g/j ( 25g/j à 2 et 3 ans).
APPRENDRE A MÂCHER
C’est vers 6 mois qu’apparaissent les premières dents mais l’éruption dentaire s’étend de 4-5 mois à 18 mois. La présence des dents n’est pas nécessaire pour manger des préparations de consistance épaisse. Le passage de la succion à la mastication n’est pas simple : le processus qui fait passer les aliments introduits sur la langue vers le fond de la bouche nécessite un certain stade de développement neuromusculaire qui peut mettre plus ou moins de temps selon les enfants ( 2 à 8 mois) ; pour que cette évolution se fasse, il faut des sollicitations : c’est pour cela qu’il faut renouveler les tentatives d’introduction de préparations plus ou moins épaisses dans la bouche du nourrisson.
EVOLUTION
A la fin de sa 1ère année, l’enfant a triplé son poids de naissance et sa taille se situe aux alentours de 73-75 cm. La proportion de graisse dans son corps est maximale à cet âge, le bébé est normalement « rond ». Jusqu’à l’âge de 6 ans, l’enfant va grandir plus qu’il ne va grossir, il va s’affiner de façon progressive et perdre ses bourrelets de fin de 1ère année, il ne faut pas s’en inquiéter. A un an, son équipement dentaire lui permet de mâcher des aliments fermes sans être durs. Sa maturation intestinale lui permet de consommer les mêmes aliments que les adultes à l’exception de certaines fibres : le bébé est apte à manger de tout, mais encore faut-il lui présenter un bon équilibre alimentaire, une alimentation variée et, surtout faire attention aux quantités..
DIETETIQUE DE L’AGE PRE-SCOLAIRE ( 1 à 3 ANS)
Jusqu’à l’âge de 1 an, chaque jeune maman trouve toujours beaucoup de conseils pour l’aider dans l ‘évolution du régime de son enfant. Quand la diversification est terminée, au delà de 1 an, les conseils sont souvent très flous..Ainsi, les parents, faute d’interlocuteur, reprennent leur autonomie en matière de nutrition. Ils font rentrer l’enfant dans leurs habitudes alimentaires familiales, plus ou moins bien adaptées à son âge..Ces habitudes sont fréquemment émaillées de préjugés et d’idées fausses.
Un excès de protéines, qu’elles proviennent de produits laitiers ou de viande, de poisson, d’œuf, semble défavorable à la santé future de l’enfant. Des travaux scientifiques ont montré que les enfants qui avaient mangé les quantités les plus importantes de protéines avant 3 ans, avaient le plus grand risque de présenter une obésité à l’adolescence et à l’âge adulte.
Les produits laitiers constituent la source de calcium indispensable à la croissance. La ration normale de lait (500 à 600 ml) peut être incorporée dans des potages , purées, desserts lactés ou prise sous forme de yaourts ou fromages. 250 ml de lait peuvent être remplacés par un yaourt ½ ou par 40 g de fromage.
L’apport de viande ne doit pas excéder 50 g par jour
Exemple de ration journalière globale :
Aliments |
1 à 2 ans |
2 à 3 ans |
Lait
Yaourt Dessert lacté Fromage Lait et equivalent Viande ou poisson moulinés* Farines infantiles Pain Céréales, biscuits Pommes de terre, riz, pâtes Légumes verts Fruits Jus de fruits Huile ou margarines Sucre ou confiture |
350 ml 125 g (1) 75 ml de lait 550 ml 25 à 30g 25 g – 10 g 150 g 150 g 200 g 50 ml 20 g 30 g |
300 ml 125 g (1) 175 ml de lait 600 ml 30 à 50 g – 30 g 15 g 200 g 200 g 250 g 100 ml 25 g 40g |
*La viande ou le poisson peuvent être remplacés par de l’œuf (1/2 œuf de 1 à 2 ans et un œuf de 2 à 3 ans)