Quid de la masse grasse?
En moyenne, chez une femme de poids normal, la masse graisseuse est comprise autour de 20 à 27 % du poids total. C’est environ 2 fois plus que chez un homme et la graisse située sous la peau (tissu sous-cutané) est deux fois plus épaisse que celle de l’homme. Entre 20 ans et 30 ans, le corps se modifie mais il faudrait en principe garder le même poids entre 30 et 60 ans. A partir de 30 ans, la plupart des gens vont prendre 1 g de masse grasse par jour, ce qui fait 10 Kg de plus entre 30 et 60 ans!
Répartition
La graisse se répartit surtout sous la peau : 50 % au moins du capital est sous-cutané. Il existe cependant certaines régions du corps qui, même chez l’obèse, seront longtemps respectées : le dos des pieds et des mains, les paupières et les chevilles. Chez les femmes, la graisse se répartit préférentiellement dans le bas du corps, on l’appelle gynoïde (fesses, cuisses, hanches). Chez l’homme, la graisse est surtout située sur le haut du corps, on l’appelle androïde (cou, épaules, ventre) et quand elle est en surplus, on voit apparaître ce que l’on appelle la “brioche” ou “petit bedon”.
Cette répartition différente des graisses féminines est bien évidemment sous influence hormonale et en particulier les hormones ovariennes : les oestrogènes.
La graisse est souvent traversée de travées fibreuses qui vont de la peau jusqu’au muscle profond, participant sans doute à ce que l’on appelle la constitution de la “peau d’orange ”.
La graisse est aussi située dans les espaces profonds et borde la plupart des viscères.
Le tissu graisseux situé profondément dans le corps a un rôle de soutien fondamental des différents organes ; il remplit la fonction de tissu de remplissage. La graisse est aussi présente, bien entendu, au niveau du visage dont elle contribue, entre autres, à déterminer la physionomie. Un fort amaigrissement peut modifier considérablement l’expression d’un visage.
Si l’on examine la graisse sous-cutanée est une juxtaposition de cellules appelées adipocytes.
Cette graisse stockée est constituée de triglycérides (un triglycéride est une molécule de glycérol avec trois acides gras). Ces acides gras sont à l’état liquide dans notre corps : notre température corporelle est à 37° c et la température de fusion de nos graisses est comprise autour de 25°c. Ceci est surtout valable pour les graisses sous-cutanées (les plus importantes). Les graisses “ profondes ”, celles entourant nos viscères, contiennent une proportion d’acides gras saturés plus importante et sont moins fluides, ce qui rend d’autant plus efficace leur mission de soutien des différents organes.
La graisse est un tissu très richement vascularisé : nombre de vaisseaux sanguins pénètrent le tissu graisseux. L’innervation de la graisse est aussi très organisée.
Fonction du tissu graisseux
On peut attribuer au tissu graisseux trois fonctions fondamentales :
– la lutte contre le froid (graisse sous-cutanée),
– un rôle de soutien des viscères profonds (graisse profonde),
– une réserve d’énergie en calories (1 g de graisse brûlée dégage 9 calories).
Déterminer la composition corporelle en imagerie médicale
Quand on veut estimer une composition corporelle, on n’a pas beaucoup de choix. La balance nous donne bien le poids mais on sait que l’on pèse l’eau corporelle, le muscle, l’os et la graisse! Si le patient boit un litre d’eau , il pèsera un kilo de plus et pourtant n’aura pas grossi! De même, si on coupe la jambe à quelqu’un, le patient aura perdu du poids mais n’aura pas maigri! la méthode de l’impédancemétrie longtemps pratiquée donne parfois des résultats loufoques: patients ayant beaucoup trop d’eau extra-cellulaire alors qu’il n’y a pas de signe d’oedèmes, problèmes avec les gens très musclés ou les très gros obèses. Et pourtant; il est intéressant de savoir de quoi sont composés nos kilos.
En radiologie, un appareil permet de connaitre avec précision notre composition corporelle: il s’appelle le DEXA, diminutif de Dual Energy X-ray Absorptiometry ou densitométrie par absorptiométrie bioénergétique. La technique est dérivée de la densitométrie osseuse et consiste à exposer le corps entier du sujet à un faisceau de rayons X différents par leur énergie ; cette différence d’énergie fait que les deux faisceaux de rayons X ne pénètrent pas de la même façon les tissus. Lorsque ces faisceaux traversent les tissus, ils “atténuent” leur énergie diversement selon la nature de ces derniers. On mesure les différentes atténuations des deux rayonnements et l’on obtient une image grâce à un ordinateur. L’examen dure une dizaine de minutes et répond, au gramme près, en précisant — outre le poids total, que l’on pourrait obtenir bien évidemment par la simple pesée sur une balance — les différents constituants de ce poids et en particulier les pourcentages de masse maigre et de masse grasse. Cet examen de plus en plus souvent disponible est en passe de devenir l’examen de référence lorsque l’on cherche à obtenir une composition corporelle.
Cet examen est de plus en plus répandu : l’image est imprimée et donnée sous la forme de photos et de chiffres. Les photos montrent un squelette entouré de tissus dont l’intensité différente permet de distinguer les muscles de la graisse. Les chiffres, eux, donnent avec précision le pourcentage de masse maigre et de masse grasse, et la masse du squelette. L’avantage de cette technique, outre qu’elle est de réalisation aisée en centre d’imagerie médicale, est de pouvoir donner des compositions corporelles localisées. C’est ainsi que l’on peut étudier tout particulièrement la masse grasse androïde (masculine) de l’abdomen ou encore celle gynoïde (féminine) des cuisses et des fesses. Le fait de pouvoir disposer du poids exact du squelette est évidemment un des avantages non négligeables de cette technique, dans la mesure où l’on va pouvoir définitivement se débarrasser des incertitudes quant à ce point précis : on sait que le poids du squelette est variable d’un sujet à l’autre en fonction de l’âge et de la constitution de chacun. Les résultats de pourcentage de masse grasse et de masse maigre sont comparés à ceux, théoriques, d’un adulte jeune de 25 ans et du même sexe.
Le DEXA est devenu aujourd’hui l’examen de référence lorsqu’il s’agit de déterminer les différents éléments du poids d’un individu. Il permet de nous faire comprendre de façon simple et reproductible ce qui se passe lorsqu’un individu est trop gros, lorsqu’il maigrit, qu’il reprend du poids, qu’il expérimente un régime particulier (les régimes protéinés ont fait perdre beaucoup de masse musculaire à ceux qui en ont été victimes) , qu’il prend de l’âge, etc.
La masse grasse chez la femme à différents âges de la vie
On constate, comme à l’habitude, une croissance à peu près régulière du poids. Mais il est intéressant de noter en parallèle les variations de la masse grasse et de la masse maigre.
Ainsi, entre 18 et 69 ans le pourcentage de masse grasse du poids total des femmes passe de 25 % à près de 37 % ! Cette augmentation porte sur les localisations androïdes (masculines), c’est-à-dire l’abdomen, puisque, si la graisse abdominale était de 24,4 % jusqu’à 39 ans, elle augmente à partir de 40 ans (28,9 % entre 40 et 49 ans) et diminué un peu entre 50 et 59 ans (35,7 %), pour définitivement atteindre les sommets à 38,7 % à partir de 60 ans. Dans le même temps, la masse maigre (les muscles, les organes, les liquides, le squelette) va en décroissant au fil de l’âge. Elle reste assez stable entre 18 et 49 ans : 43,5 kilos. Il faut attendre la cinquantaine pour la voir décroître : 40 kilos entre 50 et 59 ans et 38 kilos entre 60 et 69 ans.
femme non ménopausée 49+/-3 ans | femme en péri-ménopause 54+/-3 ans | femme en post-ménopause 64+/-4 ans | ||
Masse grasse | 27,5% | 30,9% | 36,5% | |
Masse maigre | 68,2% | 65,3% | 60% | |
Masse minérale | 4,3% | 3,8% | 3,5% |
Evolution de la masse grasse en % chez l’homme
AGE | 20/24 | 25/29 | 30/34 | 35/39 | 40/44 | 45/49 | 50/59 | 60 et plus |
Excellent | 10,8 | 12,9 | 14,5 | 16,1 | 17,5 | 18,6 | 19,8 | 20,2 |
Bon | 14,9 | 16,5 | 18 | 19,3 | 20,5 | 21,5 | 22,7 | 23,2 |
Moyen | 19 | 20,3 | 21,5 | 22,6 | 23,6 | 24,5 | 25,6 | 26,2 |
Mauvais | 23,3 | 24,3 | 25,2 | 26,1 | 26,9 | 27,6 | 28,7 | 29,3 |
silhouette et rondeurs
Les femmes à la ménopause voient aussi leur corps se modifier, la graisse disparaît là où il ne faudrait pas (cou, loge postérieure du bras, aisselle, partie latérale du thorax) avec apparition d’une graisse cutanée qui va se loger sur le ventre. Si elle maigrit, ce n’est pas du ventre mais de ces régions là ; si elle prend du poids, ce n’est jamais à ces endroits qui en auraient besoin mais toujours sur le ventre.
Il y a en effet d’importantes modifications dans le site de répartition des graisses qui ont tendance à se concentrer au niveau de l’abdomen et transforment la silhouette. Le poids seul reflète mal le bouleversement qui redistribue masse grasse et masse maigre, ce qui se traduit toujours sur la morphologie mais pas toujours au niveau du poids sur la balance.
Les oestrogènes sont à l’origine de la répartition typiquement féminine des graisses avec prédominance en dessous de l’ombilic sur les cuisses et les hanches, superficiellement, alors que chez l’homme c’est au niveau du ventre, en intra-abdominal et péri-viscéral. Avant la ménopause, les adipocytes fémoraux sont beaucoup plus nombreux que les abdominaux. Après la ménopause, la répartition devient différente, avec cette localisation sur le tronc et le ventre: la silhouette s’épaissit! S’en suit une modification du rapport tour de taille / tour de hanche > 0,9 ce qui engendre un morphotype androïde.
Le T.H.S. fait-il grossir ?
Le THS, traitement hormonal substitutif, a souvent “mauvaise presse” et la peur de prendre du poids joue un rôle non négligeable dans cette méfiance. En fait, dans beaucoup d’études prospectives avec THS, sur de petites séries de patientes souvent suivies un an, le poids est noté inchangé dans 80 % des cas environ. Ainsi, il apparaît bien que la prise de poids sous THS est moindre que celle liée à l’âge et à la ménopause.
Le problème de poids est une préoccupation de tous les âges de la femme. la période de la ménopause n’y échappe pas et il est dommage que la prise de poids sous THS soit une cause d’arrêt de traitement..
En conclusion
Grâce aux mesures de composition corporelle, on aide le patient:
– à resituer une normalité pondérale,
– à rechercher une stabilisation de son poids par un meilleur équilibre nutritionnel,
– à optimiser le ratio masse grasse /masse maigre,
– à mettre en place une activité physique régulière, lui permettant de conserver ou d’augmenter sa masse musculaire.