On en parle beaucoup, cela inquiète bien des parents. On peut voir des sites sur internet où certains font l’apologie de cette maladie. « L’anorexie est un art de vivre, pas une maladie” peut-on lire, on peut y voir des photos de côtes saillantes, décharnées, teintées de couleur flashy. La page d’accueil d’Anorexic Nation, l’un des 400 sites web (surtout américains) qui font l’apologie de ce trouble du comportement alimentaire (TCA) parle de corps « parfait » (The perfect body), Fading into obscurity (« se fondre dans l’obscurité ») ou Dying to be thin (« mourir d’envie d’être mince »)…
Ces sites rivalisent d’originalité, parfois enthousiastes, parfois morbides:
« J’aime sentir mes os saillir », « J’aime me sentir vide », « J’aime me dire que j’ai tenu toute une journée sans manger », « J’aime perdre du poids »… Le tout illustré par des images de stars hollywoodiennes filiformes, photos parfois trafiquées par Photoshop pour les amaigrir davantage…
Si ces sites ne plongent pas des gens dans la maladie, ils entretiennent ceux qui sont déjà anorexiques, les confortent dans leurs attitudes. Ils poussent à aller le plus loin possible dans le narcissisme..
En France, 0,5 % à 1,3 % des adolescents souffrent d’anorexie. Un chiffre qui augmente chaque année. Neuf sur dix sont des filles. Des associations sont montées au créneau pour dénoncer ces sites pro-anorexiques, “pro-ana” pour les initiés. L’ANAD (association américaine contre l’anorexie et la boulimie) a demandé à Yahoo de retirer 115 sites “pro-ana” de ses serveurs. Quatre jours plus tard, le portail en retirait 21, “en raison, non pas de la requête de l’Anad, mais de l’engagement de Yahoo pour le bien-être des enfants et adolescents”, selon son porte-parole. Les clubs de discussion ont été également fermés. Mais pas tous: Anorexia Fame est toujours en service, avec un ton vengeur: “Ce club a été créé pour montrer au monde que l’on ne peut pas nous ignorer ou nous faire taire.” Certains membres vont jusqu’à affirmer que la fermeture des sites les a plongés dans la détresse. Des contre-sites se sont montés. Sur Google US, le premier site indiqué pour une recherche “pro-anorexia” est un site de prévention et d’aide aux malades, Scared (Soutien, conseils et renseignements sur les troubles du comportement alimentaire), qui s’oppose aux “pro-ana”.
Les patients anorexiques sont dans le déni refusent de reconnaître leur trouble et ses risques. Il faut savoir que 15 % à 20 % meurent de cette maladie.
La médecine a pu faire des erreurs dans le traitement de ces pathologies, mais aujourd’hui les aspects psychiatriques aussi bien que somatiques sont pris en charge. Cette maladie représente pour les thérapeutes un problème déontologique: soigner des gens en souffrance qui ne le veulent pas et qui bien souvent refusent les soins.
Le traitement est pluridisciplinaire, long, on stagne souvent mais il ne faut jamais laisser tomber. Ce serait de la non-assistance à personne en danger…
Plus de 60 équipes travaillent en Angleterre (depuis 1998, suite à une enquête de mortalité), on en compte environ 20 en France. Une prise en charge psychiatrique est indispensable.
Une association a été crée : l’AFDAS-TCA
L’association est constituée de professionnels du soin, de la prévention, de la formation et de la recherche dans le domaine des TCA (Troubles du Comportement Alimentaire). Elle vise au développement de soins cohérents et organisés à l’intention des personnes souffrant de conduites anorexiques boulimiques.
LES BUTS DE L’ASSOCIATION:
- Améliorer les actions de prévention, de dépistage précoce et de soins à l’intention des personnes souffrant de TCA.
- Prendre en compte la souffrance de l’entourage, et lui offrir l’information, aide et/ou soins.
- Favoriser l’action concertée des associations de familles et usagers.
- Permettre à ces patients de bénéficier de soins de qualité au plus près de leur domicile.
- Optimiser les partenariats indispensables avec l’ensemble des professionnels impliqués dans ces prises en charge.
- Favoriser une meilleure coordination des équipes impliquées sur le territoire national auprès de ces populations aussi bien en terme de projet de soins que de formation et de recherche.
L’anorexie mentale
L’anorexie mentale atteint le plus souvent des adolescentes et des jeunes femmes. On retrouve toujours les mêmes symptômes :
- refus de maintenir son poids au-dessus du minimum requis compte tenu de sa taille
- absence de règles (aménorrhée).
- phobie de prendre du poids ou de devenir trop grosse alors que le poids est inférieur à la normale ;
- image corporelle déformée avec sensation d’être trop grosse, refus de son corps de femme, déni de la gravité de la maigreur..
L’anorexie commence presque toujours par un régime chez une jeune fille se trouvant trop grosse.
L’anorexie est un trouble du comportement alimentaire (TCA).
Les anorexiques refusent souvent de reconnaître leur trouble et ses risques. Les sujets vivent dans le
narcissisme.
Le rapport avec la nourriture est rapidement faussé : cette nourriture est omniprésente, obsédante ; il ne s’agit plus du simple plaisir de manger, mais d’une manipulation des aliments, fractionnés, absorbés en très petites quantités, sélectionnés suivant des critères bien particuliers.
Les caractères sexuels secondaires disparaissent (seins, règles). Les carences nutritionnelles s’installent et, à la minceur, succèdent maigreur puis cachexie (altération profonde de toutes les fonctions de l’organisme). L’anorexie peut présenter des niveaux de gravité extrêmement variables. Une prise en charge psychiatrique s’impose et parfois une hospitalisation avec isolement est indispensable quand le risque vital est en cause.
La Haute Autorité de santé se penche sur le problème de l’anorexie en France
Il s’agit de recommandations élaborées par un collège d’experts. Elles portent sur la prise en charge de l’anorexie mentale mais aussi sur le dépistage. Dans 90% des cas ce sont des filles qui sont touchées. On estime la population de patients anorexiques à 50000 personnes en France, soit environ 1% des adolescents en France.
Les filles expriment plus leur mal-être avec le corps que les garçons (somatisations, scarifications, tentatives suicide). Elles ne restreignent pas que leur nourriture, mais tout leur comportement : sociabilité. Elles y trouvent du plaisir (c’est un trouble “addictif”) et souvent refusent une prise en charge.