Tout le monde a autour de soi des parents ou amis qui ont été confrontés à des problèmes de maladie cancéreuse. Après le choc de l’annonce et les traitements parfois pénibles et contraignants, ils ont eu la chance de récupérer et d’être guéris ou en voie de guérison. Il faut être optimiste, la médecine progresse et la mortalité par cancer n’a pas augmenté depuis une vingtaine d’années. Nous voyons tous les jours en consultation de tels cas et, pour la plupart, la prise de conscience est immédiate: la santé est un bien précieux et fragile, il faut s’en préoccuper et entretenir au quotidien son organisme.
Statistiques
Le nombre de cas de cancer a beaucoup augmenté en l’espace d’une trentaine d’années, entre 1980 et 2015 (+108% pour les hommes et +111% pour les femmes) du fait de l’accroissement et du vieillissement de la population. En 2015, le nombre de nouveaux cas de cancer était de 385.000 (211.000 pour les hommes et 174.000 pour les femmes)*. Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme (71.200 nouveaux cas/an), devant le cancer du poumon (27.500 nouveaux cas/an) et le cancer du colon (21.500 nouveaux cas/an). Chez la femme, le cancer du sein est le plus fréquent (54.062 nouveaux cas), devant le cancer colo-rectal (18.900 nouveaux cas) et le cancer du poumon (11.300 nouveaux cas). Le cancer du poumon est en augmentation régulière du fait du tabagisme féminin. En contrepartie de l’explosion de tous ces nouveaux cas, le nombre de décès a augmenté de 11% chez l’homme et 20,3% chez la femme. En 2011, les chiffres étaient de 84.500 décès chez l’homme et 63.000 chez la femme. Aujourd’hui, environ 3 Millions de personnes ont été guéris après avoir été confrontés à un cancer (source INCa 2015).
Le sport permet de lutter contre la maladie
De récentes études plébiscitent la pratique d’un exercice physique adapté, combinée à certaines interventions psychologiques, pour réduire la fatigue du cancer pendant et après le traitement. Si on privilégie la pratique sportive, c’est bien pour ses bénéfices thérapeutiques : la pratique d’un sport permet de favoriser l’observance du patient en préservant au mieux sa qualité de vie. Cette association « cancer » et « sport » vaut aussi chez les patients plus âgés, les études sont formelles : la pratique de l’exercice physique ou sportif pendant le traitement et lors de la phase de récupération entraîne aussi des effets bénéfiques pour le patient, surtout s’il fait partie des seniors.
Le sport est une thérapie encore récente contre le cancer : Et si cette thérapie alternative et complémentaire contre le cancer participait à la prévention et améliorait la survie comme la qualité de vie en cas de cancer ? Depuis le début des années 2000, les avancées scientifiques convergent toutes vers cette même conclusion : la pratique d’une activité physique prévient le risque de cancer (1), réduit les effets secondaires du traitement -dont la fatigue (2) et le « chemobrain » (anomalies cognitives post-chimiothérapie**(3-4) et consolide la rémission chez les survivants (4-5) en réduisant le risque de récidive ou de nouveau cancer. L’exercice permet « d’améliorer la survie des personnes malades, ainsi que leur qualité de vie » (Source : INCa).
Une association, des initiatives se sont créées depuis les années 2000, notamment l’association CAMI, fédération nationale Sport & Cancer, et annoncent des résultats étonnants chez les patients adhérents :
- une diminution de 40 % des récidives,
- une amélioration de 40 % de la survie,
- enfin une réduction significative des effets secondaires liés au traitement, dont de la fatigue et des douleurs.
On pourra également citer la course aujourd’hui bien connue Odysséa, organisée par l’Institut Curie. Enfin, ces initiatives sont en ligne avec les conclusions d’une étude danoise (5) qui démontre le lien clair entre les niveaux d’adrénaline dans le sang et la prévention de la croissance et de la survie des cellules cancéreuses. Cette étude, menée auprès de femmes atteintes de cancer du sein, constatait qu’après seulement 2 heures de pratique intense à modérée d’une activité physique, les cellules tumorales peinaient à survivre. Même constatation chez les hommes (6) : des patients atteints de cancer de la prostate qui pratiquent la marche ou la natation de manière régulière bénéficient d’une réduction de leurs symptômes, d’une amélioration de l’humeur et de meilleures chances de survie sans récidive.
Les seniors sont plus touchés par le cancer : on le sait, le cancer fait partie des maladies liées à l’âge, et celui-ci avançant, les cellules se fragilisent et le risque de mutations s’accroît avec leurs divisions. Ainsi, chez les hommes, les 71.200 nouveaux cas par an en France de cancers de la prostate, les 27.500 cas de cancer du poumon et les 21.500 cas de cancer colorectal sont diagnostiqués à un âge médian de 70 ans. Chez les femmes, selon l’Institut National du Cancer, 80% des 54.062 cas de cancer du sein sont diagnostiqués après l’âge de 50 ans.
Quelles activités physiques conseiller en cas de cancer ?
Les personnels de santé n’ont pas toujours le temps d’informer leurs patients âgés atteints de cancer, sur les bénéfices du sport et sur les programmes physiques et sportifs disponibles et adaptés. De nombreux patients, et a fortiori les plus âgés, n’ont pas conscience des bienfaits possibles de l’exercice et craignent que leur âge, leurs antécédents de maladies et leur condition physique constituent autant d’obstacles à la pratique d’une activité physique ou sportive. Pourtant, contrairement aux idées reçues, le sport ne fatigue pas mais donne de l’énergie !
Ainsi, pour les plus de 55 ans plus réticents, l’option du coach personnel qui peut se déplacer à domicile peut être la solution ! Pour la plupart, les coachs sportifs sont agréés « service à la personne » et une partie de leur rémunération est déductible des impôts. Certaines complémentaires santé proposent cette option spécialement dédiée aux seniors. Des ateliers de promotion et de prévention de la santé sont également ouverts aux adhérents. Parmi les activités proposées, on citera :
la marche nordique : moins fatigante que sa version classique, parce que pratiquée avec des bâtons, mais tout aussi efficace; elle permet de travailler l’endurance sans traumatiser les articulations du senior ;
le Tai Chi : ses mouvements continus et circulaires favorisent la souplesse et le travail de la mémoire ;
ou encore les gymnastiques douces, dont le Qi-gong et l’aquagym, qui apportent aussi de nombreux bienfaits aux seniors atteints de cancer.
Prise en charge de ces prestations
Depuis le 1er mars 2017, les médecins peuvent prescrire à leurs patients atteints d’une Affection de Longue Durée (ALD) la pratique d’une Activité Physique Adaptée (APA), adaptée à leur condition et prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Créée par la Loi de modernisation du système de santé de janvier 2016, cette reconnaissance officielle du sport sur ordonnance a depuis été inscrite dans le Code de la santé publique. Il se peut donc que les malades n’aient rien à payer pour la pratique de leur sport.
Dans les Centres Ressource – sous l’égide d’oncologues – des personnes ont pour vocation d’aider les personnes atteintes de cancer à travers des activités de “mieux-être” et un accompagnement thérapeutique personnalisé, dont l’un des piliers est bien entendu le sport.
Le sport vient s’ajouter ainsi aux nombreuses avancées pour lutter contre les cancers chez les seniors. Cette reconnaissance de l’efficacité de la pratique d’un exercice sportif ou physique dans la prévention et le traitement des cancers coïncide avec l’émergence de thérapies ciblées capables de reconnaître les récepteurs spécifiques des cellules cancéreuses et de préserver ainsi les cellules saines, en limitant ainsi les effets secondaires. De nouveaux médicaments, les anti-angiogéniques, vont priver la tumeur d’énergie et d’oxygène et bloquer ainsi sa croissance. Enfin, les immunothérapies qui consistent à « booster » le système immunitaire pour mieux éliminer les cellules cancéreuses, viennent aujourd’hui accroître l’efficacité des thérapies standard. En complément de ces avancées scientifiques et thérapeutiques, le sport et l’activité physique ont un rôle clé à jouer. Des initiatives de plus en plus nombreuses existent, adaptées aux patients de tous âges, jeunes ou plus seniors.
Alimentation protectrice
On a l’habitude de traiter le cancer par quatre moyens : la radiothérapie, la chimiothérapie, la chirurgie et la thérapie biologique. Aujourd’hui, on connaît mieux le rôle de ce que l’on peut appeler la chimioprévention. Nous avons tendance à oublier que les aliments peuvent nous servir de remèdes c’est parce qu’ils nous sont devenus trop familiers. Pourtant, si l’on en croît les travaux menés sur leur efficacité contre le développement du cancer, ils sont en mesure de :
• interrompre le métabolisme des hormones qui déclenchent le cancer
• réparer la structure génétique de l’ADN
• désactiver les produits chimiques nocifs et éliminer de notre organisme les toxines d’origine exogène mais aussi endogène.
• désactiver les enzymes qui catalysent les réactions chimiques
• évacuer les cellules mutantes
• réduire les taux d’oxydants grâce à leur potentiel antioxydant
• inhiber la croissance des tumeurs
Il existe désormais des preuves totalement convaincantes des bénéfices apportés par les fruits et légumes, même si les niveaux de preuves ne sont pas les mêmes pour chaque type de cancer et chaque variété de fruit ou de légume. Les études épidémiologiques montrent clairement que la consommation fréquente de fruits et de légumes pourrait réduire le risque des cancers épithéliaux, dont les carcinomes du pharynx, du larynx, du poumon, de l’œsophage, de l’estomac et du colon.
On dispose de très nombreuses études chez l’animal dans lesquelles des aliments ou des constituants isolés modifient la cancérogenèse. Toutes apportent la preuve que l’alimentation joue un rôle réel dans les mécanismes qui contrôlent le développement tumoral. On ne peut pas actuellement complètement les extrapoler à l’homme mais cela permet de dégager des pistes intéressantes pour l’avenir.
Certains aliments apportent des substances anti-oxydantes bénéfiques : ce sont les caroténoïdes, la vitamine E, la vitamine C et diverses molécules phénoliques. Les végétaux contiennent de nombreuses molécules de type polyphénols. Ces polyphénols sont présents dans les légumes à feuilles en quantité importante (chou, épinard, poireau, laitue…), dans l’oignon, dans les fruits (cassis, cerise, pomme, prune…) et dans certaines boissons (vin rouge, jus de fruits, thé, cidre). Les flavonoïdes sont susceptibles de neutraliser les radicaux libres et exercent un rôle de protection cardio-vasculaire et favorisent l’élimination de substances toxiques. Le trans-resvératrol aurait une action positive sur une grande variété de tumeurs cancéreuses et pourrait renforcer l’action de certaines chimiothérapies, de même que les di-allyles issus de l’ail, l’oignon et l’échalote. Manger légumes et fruits, crus ou cuits, protège notre organisme, grâce à un éventail de micronutriments bénéfiques pour la santé. La consommation de crudités entraîne celle de la vinaigrette qui apporte, grâce à l’huile d’addition, de la vitamine E, autre antioxydant.
Selon sa densité en micronutriments, l’alimentation est plus ou moins protectrice. On comprend tout l’intérêt d’une alimentation variée, contenant suffisamment de légumes et de fruits.
Pourquoi les végétaux contiennent – ils autant de substances anti – oxydantes ?
Etant perpétuellement exposées aux rayons ultra – violets captés lors de la photosynthèse, les plantes fabriquent des substances anti-oxydantes pour se protéger des effets délétères des radiations solaires. Comme dans le règne animal, leurs membranes sont constituées de phospholipides et sont très sensibles aux phénomènes de péroxydation. Pour se protéger, des vitamines (C, E, caroténoïdes) et des enzymes (catalases, peroxydases) sont synthétisés par les végétaux. Ils élaborent en plus des flavonoïdes qui préviennent l’oxydation. La synthèse de ces substances est influencée par l’exposition lumineuse. Elles jouent deux rôles au niveau de la plante : celui d’un filtre solaire et celui d’un antioxydant vis à vis des radicaux libres produits par les radiations. Ces flavonoïdes sont directement assimilables par notre organisme quand on consomme des végétaux ou des produits dérivés de végétaux. L’industrie pharmaceutique les utilise pour leurs propriétés protectrices en matière de vaisseaux sanguins, leurs vertus anti – vieillissement et leurs implications probables dans la prévention des pathologies liées au stress oxydatif.
La consommation régulière d’ail, d’échalote et d’oignon est associée à une diminution de l’incidence de certains cancers. Les composés soufrés de l’ail (sulfure d’allyle) et de l’oignon (sulfure d’alkyle) ont un effet anti-cancérogène puissant. Des travaux récents ont démontré que ces composés de l’ail, de l’oignon et de l’échalote sont capables d’altérer de façon remarquable la croissance de cellules précancéreuses (in vitro et in vivo chez la souris).
Le lycopène donne aux tomates leur couleur rouge. Les rats de laboratoire auxquels on administre une formule à la tomate enrichie en lycopène développent beaucoup moins de cancers du sein, sinon moins importants, que les rongeurs ne consommant pas de lycopène. De nouveaux travaux montrent que le lycopène est sans doute un puissant protecteur. Curieusement, il s’absorbe mieux et il est plus efficace quand il est cuit et concentré. C’est pour cette raison que la sauce tomate, la purée de tomate, le double concentré, le ketchup et le jus de tomate chaud en sont les meilleures sources. Ce sont les tomates en grappe qui en contiennent le plus.
De nombreuses équipes françaises sont engagées dans l’étude des relations entre alimentation et cancer : le réseau NACRE (National Alimentation Cancer Recherche) fédère plusieurs équipes de professionnels passionnés.
La consommation de fruits et légumes figure parmi les 10 recommandations du comité des experts européens en cancérologie. Associée à l’activité physique, elle réduirait de façon significative nombre de cancers.
Sources :
*chiffres Ligue contre le cancer
** après un traitement par chimiothérapie, 20 à 30% des patients décrivent des troubles cognitifs : mémoire, attention, concentration, troubles de la capacité à être multi-tâche. Des femmes traitées pour cancer du sein se plaignaient de troubles de la mémoire et continuaient d’avoir ces symptômes après la fin de la chimio. On constate cela aussi dans des cancers de l’ovaire, de la prostate.
1. JAMA Oncology 16 July, 2015 doi:. 10,1001 / jamaoncol.2015.2267 Exercise and Cancer Risk—How Much Is Enough?
2. JAMA Oncology March 2, 2017. doi:10.1001/jamaoncol.2016.6914 Comparison of Pharmaceutical, Psychological, and Exercise Treatments for Cancer-Related Fatigue- A Meta-analysis
3. Goethe Universität 10 Mar 2017 Gastrointestinal cancer: Physical exercise helps during chemo
4. Psycho-Oncology July 2016 (In press) via NORTHWESTERN NEWS 8-Jul-2016 Exercise improves memory in breast cancer survivors
5. Cancer Research September 8, 2017 DOI: 10.1158/0008-5472.CAN-16-3125 Exercise-Induced Catecholamines Activate the Hippo Tumor Suppressor Pathway to Reduce Risks of Breast Cancer Development
6. Journal of Cancer Survivorship April 16, 2015 DOI: 10.1007/s11764-015-0426-2 Physical activity, sedentary behavior, and health-related quality of life in prostate cancer survivors in the health professionals follow-up study
7. Canadian Medical Association Journal February 21 2017 doi: 10.1503/cmaj.160464 Lifestyle modifications for patients with breast cancer to improve prognosis and optimize overall health
8. Cochrane Library 21 September 2016 DOI: 10.1002/14651858.CD005001.pub3 Exercise for women receiving adjuvant therapy for breast cancer
9. JAMA Oncology 16 July, 2015 doi:. 10,1001 / jamaoncol.2015.2239 Effects of a High vs Moderate Volume of Aerobic Exercise on Adiposity Outcomes in Postmenopausal Women: A Randomized Clinical Trial
10. Publication du 17/10/2017 de Eovi Mcd mutuelle pour seniors : Eovi.fr et Mutuelle-mcd.fr